« Si Didier Lombard est condamné, personne ne voudra plus diriger une grande entreprise. » Chiche ?

L’audience du 1er juillet 2022 du procès en appel des dirigeants de France Télécom, vue par Dominique Manotti, qui a toujours vécu à Paris, est une écrivaine française de roman noir, historienne, spécialiste de l’histoire économique du XIXe siècle, militante et syndicaliste, dernier roman paru Marseille 73, (le roman de l’été 73, multiples assassinats d’Algériens en ville, la réponse par les grèves du Mouvement des Travailleurs Arabes) aux éditions Les Arènes.


Vendredi 1er juillet s’est tenue, au Palais de Justice de Paris, la dernière séance du procès en appel de France Télécoms, nous avons entendu les plaidoiries des trois avocats de Didier Lombard, l’ancien PDG de France Télécoms, puis la parole a été donnée pour quelques derniers mots aux deux accusés, Didier Lombard et Louis-Pierre Wenès. Le jugement sera prononcé le 30 septembre prochain.

Quelques notes et impressions totalement subjectives. Continuer la lecture de « « Si Didier Lombard est condamné, personne ne voudra plus diriger une grande entreprise. » Chiche ? »

Rendez-vous le 30 septembre pour le verdict

Audience du 1er juillet vue par Maëlzig Bigi, sociologue, membre du Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (LISE), a travaillé notamment sur les questions de la reconnaissance au sein des organisations du travail.


Ce vendredi 1er juillet se déroule la dernière matinée d’audience du procès en appel France Télécom. Le public fait la queue pour entrer dans le tribunal, en face des touristes qui attendent pour visiter la Sainte Chapelle. Pendant ce temps, des barrières de sécurité sont enlevées du boulevard du Palais, derniers signes du tumulte du procès historique des attentats du 13 novembre, dont le verdict a été rendu l’avant-veille.

La salle d’audience, richement ornée, chargée d’histoire, tranche avec la sobriété clinique du nouveau TGI de la porte de Clichy où s’est tenu le premier procès il y a trois ans. Continuer la lecture de « Rendez-vous le 30 septembre pour le verdict »

Un peu de féminisme dans ces chroniques

En attendant les chroniques à venir, nous publions ce plaidoyer féministe de Claire Robert. Il est d’autant bien venu qu’il est tout à la fois l’expression d’un vécu en tant que femme et une précision qui manquait sur le sens qu’il convient de donner au mot « systémique ».


Bon alors moi, je trouve que ça manque un peu de féminisme dans ces chroniques.
C’est vrai qu’on ne voit pas forcément le rapport.
Moi non plus, au début.
Vu que c’est un procès sur la souffrance au travail.
Surtout que moi, je suis venue là un peu par hasard, puisque que je ne suis pas fonctionnaire, ni syndicaliste, ni salariée de France Télécom, ni salariée tout court d’ailleurs.
C’est Pascal Vitte et Patrick Ackerman qui m’ont demandé de venir faire des dessins. Bon, moi, ça m’a intéressée de dessiner dans un tribunal, je ne l’avais jamais fait, et puis j’avais besoin de sous donc ça tombait bien. Être payée pour dessiner toute la journée (même quand ton dessin est raté), quel pied !
Donc j’y suis allée avec mes carnets. Continuer la lecture de « Un peu de féminisme dans ces chroniques »

Tout l’océan dans une goutte d’eau.

L’audience du 30 juin vue par Stéphane Brizé, réalisateur et scénariste de films, notamment « La loi du marché », « Mademoiselle Chambon », « Une vie », « En guerre » et enfin « un autre monde ».


Jeudi 30 juin 2022, avant dernier jour du procès en appel des six cadres de France telecom. Il y a quelques jours, le parquet a requis, en se fondant sur les peines prononcées en première instance : 6 mois de prison ferme pour l’ancien PDG Didier Lombard ainsi que pour son N°2, Pierre-Louis Wenès (contre 4 retenus par le jugement précédent). 6 mois avec sursis simple pour leurs complices. Des réquisitions identiques pour ces derniers au jugement de première instance. Continuer la lecture de « Tout l’océan dans une goutte d’eau. »

L’idéologie du dialogue social en procès

Par Martin Thibault, enseignant-chercheur en sociologie à l’Université de Limoges. Auteur aux éditions Raisons d’agir des livres Ouvriers malgré tout (2013) et En luttes ! Les possibles d’un syndicalisme de contestation, (avec Sophie Béroud) en 2021.


« Mon avocat ne m’a jamais donné un mauvais conseil, il me les a toujours vendus. » (Jean Yanne)

Nous sommes le mercredi 29 juin 2022. Le tribunal de Paris est en ébullition. Ce soir, le procès des attentats du 13 novembre doit rendre son verdict et occupe – à juste titre – une forte attention. Dans la salle où nous sommes, le procès en appel de France Télécom touche lui aussi à sa fin et la séance du jour voit les avocats de la Défense se succéder à la barre. L’essentiel des plaidoiries porte ce jour sur la défense de plusieurs acteurs clés du procès : mesdames Nathalie Boulanger (ex-directrice des relations territoriales, aujourd’hui directrice d’Orange Start-Up Ecosystem) et Brigitte Dumont (ex-responsable du programme ACT devenue depuis directrice du développement personnel, puis des RH avant de partir à la retraite), condamnées en première instance à 4 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende, pour complicité de harcèlement moral. Continuer la lecture de « L’idéologie du dialogue social en procès »

Et en attendant on continue à (se) tuer

Sylvain Leder, Professeur agrégé de Sciences économiques et sociales. Coordonnateur au Monde Diplomatique du Manuel d’économie Critique et auteur de plusieurs articles en particulier sur la relation entre les enseignants et le patronat.


Les deux avocats de la défense se succèdent à la barre et plaident tout simplement la relaxe pour Jacques Moulin, Directeur Territorial chez France Telecom pour la région Est.

Dessin de Claire Robert

En ce mercredi 28 juin la séance sera courte. Courte parce qu’inutile de le dire, de le répéter, de le démontrer : Jacques Moulin est innocent, ou pas plus coupable que les autres. Il ne savait pas, les syndicats n’étaient pas à la hauteur, il n’est pas coupable et pas même responsable. D’ailleurs les avocats insistent : Jacques Moulin n’était aucunement intéressé par une promotion au niveau national, les primes pour atteindre les objectifs de licenciement étaient négligeables.

Bref, pas de mobile, pas de crime.   Continuer la lecture de « Et en attendant on continue à (se) tuer »